Plusieurs études suggèrent que le temps dans la cible, notamment évalué par la mesure continue du glucose, pourrait être un reflet du risque de complications, chroniques ou aiguës, de la maladie à l’instar de l’hémoglobine glyquée. Nous avons interrogé le Pr Jean-Pierre Riveline, diabétologue à hôpital Lariboisière (Paris), pour savoir ce qu’il en est et quelles sont les perspectives.
Est-ce qu’il y a un lien entre le temps dans la cible et les complications chroniques du diabète ?
Pr Jean-Pierre Riveline : Nous n’en sommes pas certains, mais il existe très probablement un lien, fort. Ce qu’il faut souligner, au préalable, c’est que ce temps dans la cible est issu des recommandations de la lecture de la mesure continue du glucose (MCG), parues en 2019. Il a été décidé que la cible était une glycémie entre 70 et 180 mg/dl et que ce temps se devait d’être au-delà de 70 %. La grande question qui se pose au sein de la communauté est de savoir si cet index peut remplacer l’hémoglobine glyquée, le marqueur démontré comme étant lié aux complications, essentiellement micro-angiopathiques, mais également macro-angiopathiques. Il s’agirait donc de remplacer ce marqueur, validé, mais faut-il encore que le temps dans la cible soit lié aux complications. Nous avons attendu des dizaines d’années pour démontrer que l’hémoglobine glyquée était bien associée aux complications. Il est bien sûr difficile d’envisager d’attendre encore 10 ou 20 ans pour vérifier que c’est aussi le cas pour le temps dans la cible évalué par la MCG. Il y a eu quelques travaux qui ont essayé d’approcher cette question. Tout d’abord, une étude transversale chinoise au cours de laquelle les chercheurs ont étudié la relation entre le temps dans la cible évalué par une MCG et les complications (1). Ce travail, publié en 2018, concernait plus de 3 000 patients diabétiques de type 2 (DT2), qui n’avaient eu que 72 heures de MCG aveugle. Les résultats ont montré qu’une diminution de 10 % du temps dans la cible, donc un diabète moins bien équilibré, était associée à une augmentation du risque de rétinopathie de 8 %. La relation entre le temps dans la cible et les complications a également été étudiée de manière prospective à travers une analyse des données de l’étude DCCT (Diabetes control and complications trial) qui avait été publiée en 1993 (2). À l’époque, il n’y avait pas de MCG, mais une autosurveillance glycémique (les patients devaient faire sept mesures par jour). Les auteurs ont donc étudié, uniquement à partir de ces quelques mesures par jour, l’association entre le temps dans la cible à partir de ces mesures, évalué à un temps t, au démarrage de l’étude et la survenue des complications 10 ans plus tard. Les résultats montrent bien un lien, en particulier concernant la rétinopathie et la microalbuminurie. Ces preuves sont certes indirectes, mais elles suggèrent bien une association entre le temps passé dans la cible et les complications chroniques du diabète.
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