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Louis XIV, un roi vorace et ayant une hygiène de vie qui laissait à désirer, et à l’origine de son obésité (1-5)

La gloutonnerie du roi

Après la naissance de Louis XIV, en 1638, les différentes nourrices qui se sont succédé ont rapidement relaté que le futur roi était vorace, et très vigoureux. Sa gloutonnerie est notamment évoquée en 1660 du fait de problèmes digestifs récurrents avec la nécessité de purges fréquentes réalisées par son médecin (Fagon).

Il y avait régulièrement six à huit services, lesquels étaient composés d’au moins neuf plats, pour les dîners et les soupers du souverain. Parmi ces plats, on retient une quantité importante de gibiers, et aussi de fruits. Parallèlement, le chocolat était un aliment très prisé par la cour et par le roi, qui en faisaient une consommation démesurée. Selon la princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV : « le roi pouvait manger successivement quatre pleines assiettes de soupes diverses, un faisan entier, une grande assiette de salade, une perdrix, plusieurs tranches de jambon, une assiette de pâtisseries, un fruit, et des œufs durs ». 

Des troubles digestifs

À cette époque, les aliments absorbés n’étaient pas cuits, et leur conservation restait très aléatoire en l’absence totale de réfrigération. Par voie de conséquence, on pouvait objectiver chez de nombreux membres de la cour des désagréments digestifs en relation avec les ténias. D’ailleurs, en 1660, Fagon relata le fait que le roi avait éliminé par les selles un ver vivant qui devait, suivant notre confrère, être à l’origine d’étourdissements chez celui-ci. 

Les problèmes digestifs récurrents observés chez le roi ont été par ailleurs à l’origine de plusieurs interventions chirurgicales pour une fistule, décrite en 1686, à l’origine d’un inconfort important. Située au niveau du périnée, elle ne lui permettait plus de monter à cheval, et il présentait des difficultés à aller à la selle. Après des essais d’apposition d’emplâtres, qui étaient totalement inefficaces, un acte chirurgical a été validé en novembre 1686 par le chirurgien Charles Félix. L’intervention pratiquée permit d’améliorer l’état de santé du roi, mais il a été secondairement nécessaire de réintervenir trois fois du fait de suppuration au niveau de la zone opérée. 

La goutte

Louis XIV souffrait d’un autre problème de santé : la goutte. Les premières descriptions de cette pathologie chez notre roi ont été effectuées en 1685 dans le journal de la santé rédigé par Daquin. Ce dernier relatait le fait que le pied gauche présentait une tumeur de couleur rouge qui était insomniante. Louis XIV n’arrivait plus à marcher, et devait avoir recours à une chaise roulante. 

Fagon, en 1689, était très inquiet pour la santé du monarque qui déclinait progressivement du fait de ses excès de table. Il l’invita alors à arrêter sa consommation excessive de muscat et de champagne, qu’il consommait trop régulièrement et lui conseilla de suivre un régime strict. 

L’entourage (car le roi refusait de montrer qu’il était malade) mettait fréquemment en avant son handicap (la goutte) qui le faisait terriblement souffrir. En 1694, celui-ci n’arrivait que très difficilement à dormir.

Néanmoins, Louis XIV n’était pas tabagique comme Catherine de Médicis qui avait permis à la cour de priser et de fumer cette nouvelle plante. Il ne supportait pas l’herbe de Nicot et il a interdit durant son règne toute consommation à Versailles de tabac. 

 

Louis XIV, un roi obèse à la fin de sa vie (4-9)

Certains membres de la cour, la princesse Palatine notamment, décrivaient, vers 1686, Louis XIV comme un roi « qui s’affaisse et qui paraît fort gros et vieux ». « Son visage est difficilement reconnaissable avec de nombreuses rides. » Les représentations de Louis XIV à cette période de sa vie permettent de comprendre que ce dernier souffrait d’embonpoint. 

Le tableau de Hyacinthe Rigaud

Un tableau célèbre, réalisé par Hyacinthe Rigaud en 1701, représente le monarque âgé de 64 ans avec une grande majesté “royale”. Cette œuvre, commandée par son petit-fils Philippe d’Anjou, a été reproduite de multiples fois pour montrer la prestance du roi, mais aussi sa grandeur, auprès des différentes cours européennes. 

À partir d’une étude de ce tableau, nous pouvons retenir plusieurs choses. Outre le fait que Louis XIV est vêtu du manteau royal avec des fleurs de lys d’or brodées sur un fond de couleur bleue (sang royal), ce dernier est représenté avec tous les attributs de sa fonction, et de son pouvoir : couronne, main de la justice, épée de Charlemagne, et sceptre. Il est intéressant de noter le réalisme du visage de Louis XIV avec des traits affaissés qui sont bien ceux d’un homme de 64 ans usé, mais aussi obèse avec un double menton. Cet embonpoint se devine à l’ampleur de son manteau, très dense, qui a pour rôle de masquer son surpoids. On constate par ailleurs un contraste entre la partie inférieure du corps, qui pourrait appartenir à un homme jeune (jambes bien mises en valeur, et gainées de soie, et chaussures à talon rouge), et la face du souverain, qui est bien celle d’une personne âgée. 

Le portrait d’Antoine Benoist

En 1705, Antoine Benoist réalise le portrait en cire d’abeille blanche de Louis XIV. Il s’agit d’une représentation sans concession du roi. Il est très représentatif de la vie passée du souverain avec les cicatrices de la petite vérole, et aussi le double menton qui témoigne de son obésité, et du plaisir qu’il avait pour la bonne chère. Cette représentation est en accord avec la situation corporelle de Louis XIV, mais pas sa charge qui n’est pas remise en question avec ce portrait. 

Le médaillon d’Antoine Coysevox

Un médaillon réalisé à partir d’une sculpture de Girardon dépeint le souverain à la fin du XVIIe siècle. On note un visage marqué par la vieillesse (rides autour des yeux), ainsi qu’un double menton (il est très prononcé sur ce médaillon), qui témoigne du relâchement de la peau en rapport avec son âge, mais aussi avec sa gloutonnerie. 

 

Louis XIV, un souverain diabétique (1-2, 5-10)

Au XVIIIe siècle, le diabète était peu connu, et le diagnostic était effectué par un examen des urines. Néanmoins, différentes descriptions effectuées par l’entourage permettent de penser que Louis XIV était diabétique (diabète de type 2). 

Il était obèse (répartition abdominale des graisses). 

Il avait des problèmes de parodonte. Et, en 1666, le marquis Saint-Maury soulignait le mauvais état dentaire de Louis XIV. En 1676, une fistule naso-palatine a conduit à la perforation de la mâchoire, et à l’élimination de dents cariées (hygiène buccale très douteuse à cette époque). À la suite de cette intervention complexe, le souverain n’avait plus de dents. 

Les problèmes infectieux récurrents, et importants, laissent à penser en l’existence d’une dysfonction endocrinienne (comme le diabète). En 1696, le roi présentait un furoncle au niveau du cou, traité par des cataplasmes et des emplâtres. Compte tenu du diabète sous-jacent, une extension rapide de ce furoncle a été observée, lequel est devenu secondairement un anthrax. Cette affection a été traitée par une chirurgie (excision), qui a dû être répétée trois fois du fait de l’inefficacité du geste pratiqué par Félix et Bessières. 

• Louis XIV, d’après les descriptions réalisées par Fagon, souffrait également d’une neuropathie végétative avec une hypersudation nocturne.

• Parallèlement, le roi présentait une polydipsie (description d’une soif extraordinaire), en rapport avec son endocrinopathie.  

En revanche, sa polyurie n’avait rien à voir avec le diabète. En fait, à partir de 1715, ses coliques néphrétiques récurrentes pourraient être mises en relation avec une insuffisance rénale due à la chronicité de sa goutte.

• Vers la fin de sa vie, le roi perdit de ses forces, il maigrit considérablement du fait d’un probable déséquilibre de son diabète. 

 

Une fin de vie marquée par une gangrène très douloureuse (2, 11-13) 

Le roi est décédé à l’âge de 77 ans après une agonie de 3 semaines. 

• Le 9 août 1715, il a commencé à avoir une douleur au niveau de sa jambe gauche, après une partie de chasse. Cette symptomatologie a été mise sur le compte d’une sciatique par son médecin Fagon, le 10 août. Le roi a alors reçu des purgations suite aux recommandations de Fagon, ainsi qu’une application de linges chauds, demandée par Mareschal (l’un de ses chirurgiens). Rapidement, il s’affaiblit : il ne dormait et ne se nourrissait que très peu. Quatre autres praticiens appelés à son chevet confirmèrent le diagnostic initial de sciatique.

• Le 12 août, la physionomie du roi changea totalement. Quand il se déshabillait, ses valets notaient un aspect décharné (le roi était d’une extrême maigreur), avec l’impression que les chairs avaient fondu. Cette situation est à mettre en relation avec l’insulino-requérance du souverain. 

• Mareschal mit en évidence, le 13 août, une rougeur inquiétante au niveau de la jambe gauche. Louis XIV présentait une hyperthermie, et cette modification de la couleur de la jambe ne pouvait plus passer inaperçue (« la pourriture de la jambe devient apparente »). Afin de remédier à cette situation, Fagon recommanda l’application sur la jambe de lait d’ânesse. En parallèle, les deux professionnels de santé se rendirent compte que le roi ne pouvait plus tenir debout. 

• Le 16 août, il passa toute la journée chez Mme de Maintenon, sa maitresse, qui remarqua son importante polydipsie témoignant d’un diabète déséquilibré. 

Une légère embellie donna de l’espoir le 18 août, mais de courte durée.

• Le 19 août, Mareschal était très inquiet du fait de l’apparition d’une zone de couleur noire au niveau du talon, et en parallèle il mit en évidence un œdème de la jambe. À l’initiative de Fagon, du quinquina est administré, et le 20 août, des massages sont réalisés et des linges appliqués sur la jambe gauche. 

• Le 22 août, un conciliabule, avec différentes sommités médicales, recommanda l’application de lait d’ânesse, et demanda de poursuivre l’administration de quinquina. Ce traitement soulagea quelque peu le roi qui passa une bonne nuit. 

• Le 24 août, des lésions de couleur noire apparurent sur une grande partie de la jambe, et les médecins, appelés à son chevet, modifièrent leur diagnostic initial en évoquant une gangrène. Pour améliorer cette situation, et afin d’éviter toute amputation, des incisions furent pratiquées afin de déterminer l’importance de la nécrose tissulaire. 

• Très rapidement, conscient de l’impossibilité de guérison de son mal, le roi reçut, le 25 août, l’extrême-onction, et fit venir son neveu qui assurera la régence (son petit-fils, qui devait lui succéder, n’était alors âgé que de 5 ans). La douleur atteignit son paroxysme dans la soirée, et le souverain perdit connaissance durant 15 minutes. 

• Le 26 août, le chirurgien pansa la plaie et effectua de multiples incisions pour essayer de traiter la gangrène. 

• Le 28 août, la gangrène gagna le genou et, le 29 août, le roi tomba dans un coma vigile.

• Le 30 août, Louis XIV présentait des périodes de vigilance (durant lesquelles il récitait des prières), entrecoupées de périodes avec des troubles de la conscience.   

• Le 31 août, il implora Dieu de l’aider et de le secourir, du fait d’une souffrance inimaginable.

• Le 1er septembre, à 8 h 15, Louis XIV rendit son dernier soupir. 

 

Conclusion (1-14)

Louis XIV est le souverain dont le règne a été le plus long (72 ans). Son rayonnement sur un plan national et international ne doit pas nous faire oublier qu’il était avant tout un homme et non un dieu. Des excès de table ont été responsables de différentes symptomatologies et d’interventions “subies” par ce monarque. Par ailleurs, son appétence pour la bonne chère (avec souvent des excès concernant notamment les boissons alcoolisées) a été à l’origine d’un diabète de type 2. Cette dysfonction glycémique est l’un des facteurs (possible hypertension associée du fait d’épisodes de pesanteur de la tête, et de vertiges paroxystiques) responsables de la gangrène à l’origine de son décès. 

Cet exemple nous montre que le respect des règles hygiéno-diététiques doit être un élément dans la prise en charge du patient ayant un diabète de type 2. 

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt en rapport avec cet article. 

Bibliographie

1. Guillon-Metz F. Les grands diabétiques de l’Histoire. Publédit 2017. 

2. Guillon-Metz F, Guérin-Boyer M. Louis XIV un souverain diabétique. L’Harmattan 2021.

3. Perez S. Journal de santé de Louis XIV écrit par Vallot, d’Aquin et Fagon. Jérôme Millions 2004.

4. Princesse Palatine (Elisabeth-Charlotte d’Orléans) : Lettres de la princesse Palatine ; le temps retrouvé. Mercure de France 1985. 

5. Millepierres F. La vie quotidienne des médecins au temps de Molière. Hachette 1964.

6. Perreau S, Rigaud H. Hyacinthe Rigaud 1659-1743. Le peintre des rois. Presses du Languedoc 2004.

7. James-Sarazin A. Hyacinthe Rigaud 1659-1743. Faton 2016. 

8. Vaudin E. Notice sur Antoine Benoist de Joigny, peintre et sculpteur en cire de Louis XIV. Legare Street Press 2022.

9. Maral A, Carpentier-Vanhaverbeke V. Antoine Coysevox (1640-1720), le sculpteur du Grand Siècle. Arthena 2020.

10. Iselin F. Le lys et le caducée : soigner à la cour de Versailles. Perrin 2012.

11. Perez S. La santé de Louis XIV. Une biohistoire du Roi-Soleil. Champ Vallon 2017. 

12. Cornette J. La mort de Louis XIV apogée et crépuscule de la royauté : 1er septembre 1715. Gallimard 2015.

13. Cénat JP. Louis XIV. Eyrolles 2012.

14. Petitfils JC. Louis XIV. Tallandier 2015.