Le système immunitaire intestinal est un intermédiaire indispensable dans l’association complexe entre alimentation et métabolisme : sans lui, les fibres alimentaires présentes dans les fruits et les légumes ne peuvent participer correctement à la régulation de la glycémie. Des chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université viennent de mettre en évidence qu’un certain type de cellules immunitaires serait indispensable à cet effet bénéfique des fibres alimentaires sur le métabolisme glucidique. Les scientifiques ont travaillé sur un modèle de souris nourries avec un régime riche en graisses et pauvre en fibres, mimant un régime alimentaire de type “occidental”. Durant 4 semaines, la moitié de ces animaux a reçu une supplémentation en fibres de type fructo-oligosaccharides (FOS), vendues dans le commerce à des fins alimentaires. Ils ont pu observer que, bien que tous les animaux aient développé un surpoids, ceux ayant reçu la supplémentation en fibres alimentaires présentaient une amélioration de l’assimilation du glucose, avec pour effet, un meilleur contrôle de la glycémie. Les souris non supplémentées présentaient un microbiote appauvri avec une diversité bactérienne plus faible. En outre, au moins deux populations de cellules immunitaires étaient déficitaires dans l’intestin : les lymphocytes Th17 et les lymphocytes T régulateurs périphériques (pTreg). Ces altérations suggèrent une fragilisation du système immunitaire local, en lien avec l’appauvrissement du microbiote. À l’inverse, chez les souris supplémentées, davantage d’espèces bactériennes étaient maintenues dans le microbiote, et en particulier celles connues pour stimuler la production des cellules Th17. De fait, cette population de lymphocytes apparaissait préservée, tout comme celle des lymphocytes pTreg. Enfin, l’équipe a découvert l’importance d’une troisième population de cellules immunitaires, les cellules dendritiques cDC2, qui soutiennent le développement des cellules Th17 et participent au fonctionnement des cellules pTreg, et leur caractère indispensable à l’effet bénéfique des fibres sur le contrôle glycémique. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature Communications et doivent maintenant être confirmés chez l’humain.
MC d’après le communiqué de l’Inserm et de Sorbonne Université du 11 juillet 2024.