Cette étude, sur les données de la cohorte SFDT1, vise à réaliser une description très complète des personnes qui vivent avec un haut niveau de détresse liée au diabète, qui correspond à l’effet émotionnel négatif consécutif à la gestion de la maladie au quotidien.
Il faut améliorer la détection de la détresse liée au diabète dans la pratique courante, pour mieux la prendre en charge.
Quel est l’objectif de votre projet ?
Notre projet porte sur le phénotypage clinique des personnes qui vivent avec un haut niveau de détresse liée au diabète (DT1 en particulier). Nous avons utilisé les données de la cohorte SFDT1, une grande cohorte nationale française, qui a recruté déjà plusieurs milliers de personnes qui vivent avec un DT1. L’objectif est d’en recruter 10 000 à terme et de les suivre sur de nombreuses années. Sur les données déjà collectées, nous avons travaillé sur le phénotypage, c’est-à-dire une description très complète des personnes qui vivent avec un haut niveau de détresse liée au diabète.
Qu’est-ce que la détresse liée au diabète ?
Il s’agit de l’impact émotionnel négatif dû à la gestion du diabète au quotidien. En effet, le fait de devoir gérer son alimentation, la peur des hypoglycémies, la peur des complications, l’entourage personnel ou professionnel… peuvent être une source de détresse qui a des conséquences sur la gestion au quotidien du diabète.
Quels sont les profils qui présentent de hauts niveaux de détresse liée au diabète ?
Pour déterminer ces profils, nous avons utilisé le score PAID (problem areas in diabetes) qui va de 0 à 100. Nous avons déjà pu montrer une différence entre les hommes et les femmes. : celles-ci ont en moyenne un niveau de détresse liée au diabète beaucoup plus élevé (8 points de plus). Nous avons montré également une diminution de la détresse liée au diabète avec l’âge : plus l’âge avance, plus la durée du diabète est importante, plus la détresse a tendance à diminuer.
Lorsque nous avons regardé les caractéristiques individuelles cliniques liées au diabète et les complications du diabète, nous avons pu montrer certaines associations, notamment l’influence des paramètres socio-démographiques. En effet, les patients DT1 qui sont en vulnérabilité sociale ont fréquemment beaucoup plus de détresse liée au diabète et cela a des conséquences sur leur gestion du diabète au quotidien et les expose à des surrisques de complications. Les personnes équipées de boucles fermées ont en moyenne une réduction de la détresse liée au diabète. Mais, ce que nous avons montré également, c’est que la détresse liée au diabète persiste même chez ceux qui ont des technologies du diabète les plus avancées. Les nouvelles technologies, comme les boucles fermées, réduisent la détresse, mais ne l’enlèvent pas, voire génèrent certaines autres sources de détresse.
Quels messages retenir ?
Le premier message est qu’il faut développer de nouvelles technologies qui vont vraiment alléger le fardeau du diabète. Le deuxième message clé est qu’il faut améliorer la détection dans la pratique courante. Aujourd’hui, la détresse liée au diabète n’est pas ou peu évaluée et n’est pas détectée, donc ne peut pas être prise en charge avec des interventions personnalisées. Cette étude a ainsi également pour objectif de sensibiliser les professionnels de santé et les diabétologues à une meilleure caractérisation et détection de cette détresse liée au diabète. Et enfin, les enseignements principaux de ce travail poussent à définir des interventions spécifiques pour essayer de réduire la détresse liée au diabète chez les personnes qui vivent avec un DT1.